Aux mêmes causes répondent les mêmes effets. Bush et Blair, qui ont partagé les mêmes triomphes, essuient aujourd'hui les mêmes critiques. En entrant en guerre, ils avaient balayé les réticences de leurs opinions publiques respectives. Celles-ci, d'abord gagnées par un unanimisme patriotique après les prompts succès militaires, retrouvent aujourd'hui leur mordant.
Le meilleur argument qui a été donné par les deux dirigeants pour justifier une intervention armée contre l'Irak tenait en trois lettres : ADM armes de destruction massive , dont la détention par Saddam Hussein justifiait une guerre sans délai, même pas ceux réclamés à l'ONU. Or, on n'a toujours pas trouvé la moindre trace de ces prétendues ADM, et les deux alliés, tout en protestant de leur bonne foi, ne semblent plus se faire trop d'illusions sur leurs chances d'en découvrir. Cela seul justifierait bien des critiques. Mais, de manière beaucoup plus grave, Bush et Blair se voient reprocher non pas tant de s'être trompés que d'avoir trompé. Ils auraient «arrangé» les informations qu'ils disaient détenir pour justifier leur action militaire.
Mieux assuré de ses arrières, Bush peut se permettre de snober ces critiques. Blair se trouve plus cruellement mis en cause. Le Premier ministre est en l'occurrence victime de ses propres stratagèmes. Il a fait de la gestion minutieusement calculée de son image publique une sorte de conception du monde. C'est ce qui explique qu'accusé d'avoir manipulé des informations, il ait