Lundi prochain, Noir Désir était programmé en clôture du festival de Langon, les Nuit atypiques. Hors actu pour le groupe, ce concert correspondait en réalité à une date reportée l'an dernier, en raison d'une blessure à la jambe de Bertrand Cantat, occasionnée sur scène. En d'autres temps, c'est sa voix que le chanteur de Noir Désir ne ménageait pas. Au point de mettre en péril ce timbre caractéristique du groupe français numéro 1 depuis une dizaine d'années.

Fondé en 1985, Noir Désir a grimpé les échelons d'une manière aussi graduelle qu'implacable. Premier tube, Aux sombres héros de la mer. Déjà, cette énergie, menacée par l'emphase. Cette ferveur qui fascine (ou irrite). La bande de copains originaires de Bordeaux incarne consubstantiellement une idée encore vivace du rock, dans ce que cette musique peut garder (aux oreilles de beaucoup) de propriété abrasive, volatile, urgente.

Engagements multiples. Mais Noir Désir n'a rien d'un groupe de têtes brûlées. Et si ses quatre membres sont capables d'excès, c'est bien à la scène qu'ils réservent leurs pulsions «chamaniques». Réputé pour son intégrité, sa rigueur, le groupe n'a jamais pointé à la rubrique des faits divers. Individus rangés, qui se connaissent sur le bout des doigts et, au fil des ans, ont appris à former une authentique fratrie ­ bien que dispersée géographiquement et pas systématiquement sur la même longueur d'ondes ­, les musiciens bénéficient d'une image assez irréprochable.

Avec six albums au