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Libération
Éditorial

Trahison

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publié le 1er août 2003 à 0h29

Une femme est en train de mourir. Un homme voit sa vie détruite par un geste de folie. Un drame intime se transforme en un cauchemar collectif charriant peine, compassion, stupeur. Au-delà même des protagonistes de cette affaire, pourquoi ce besoin de partager absolument une douleur qui se devrait de rester dans le for privé d'individus ou dans un strict cadre familial ? Sans doute l'émotion collective est-elle la plus forte, attachée à ces très anciennes fascinations pour les histoires d'amour qui finissent mal en particulier, pour les malheurs des hommes et des femmes célèbres, pour ces êtres de passion qui vivent les sentiments de tout à chacun avec une violence exacerbée, pour les liens qu'entretiennent l'amour et la mort. Mais l'émotion suscitée est aussi à la mesure des personnalités en jeu. Un chanteur emblématique, incarnant le rock français contemporain tout autant que ses prises de position les plus engagées, citoyennes et altermondialistes. Une actrice qui est autant le produit d'une saga familiale qu'une présence ultrasingulière et émouvante dans le paysage cinématographique. Comme si une forme de couple bohème idéal avait pu se constituer, mariant musique sans concession et cinéma sans compromis, alliage de deux émotions à vif propre à illustrer les aspirations d'une génération, et qu'au moment même où tout le monde apprend cette heureuse nouvelle celle-ci se transforme instantanément en malheur, en un drame sordide auquel personne ne voudrait croire. Une forme