Le rejet référendaire d'une voie particulière pour la Corse ne signifie pas un retour à la normale une normalité que l'île ignore au demeurant depuis trois décennies, à supposer qu'elle l'ait jamais connue. Rien, dans les discours d'après-scrutin des militants nationalistes, ne laisse imaginer que la méfiance exprimée à leur égard par le vote des Corses les amènera à formuler un début d'autocritique sur ses raisons. La reprise, ou plus exactement la recrudescence, des attentats montre que tout est en place pour que se remette en train le vieil engrenage terrorisme-répression avec les mêmes vieux effets.
Les nationalistes corses n'ont jamais exorcisé la fatalité qui pèse sur les mouvements politiques dits «de lutte armée» : le poids indu, et souvent décisif, qui revient à des porte-flingues dont l'intelligence se limite souvent au maniement des armes et à la mythologie frelatée d'une voyoucratie honorable. Mandela a commencé à devenir Mandela et la cause des Noirs sud-africains a commencé à progresser le jour où il a rompu avec les schémas para-terroristes de ses premières années de militance. Les nationalistes corses n'ont jamais franchi ce pas (même pendant le processus de Matignon et avant le référendum). C'est pourquoi beaucoup de Corses les rejettent, tout simplement parce qu'ils en ont peur et parce qu'ils savent que les menaces adressées à l'«Etat français» ne sont pas sans les concerner aussi.
Incapables de s'étendre au-delà du stock acquis de sympathisants (un pe