En 1921, on pouvait traverser la Seine à Paris à pied (presque) sec. Et 1976 se solda pour les Français par un «impôt sécheresse» que le gouvernement (pour l'heure) promet de leur épargner en 2003. Il ne faut donc pas céder trop vite aux mirages catastrophistes que peuvent induire canicule et manque d'eau sur le continent européen, ni y voir un fléau propre à notre seul siècle et le prix de l'inconscience collective. Les incendies, les pics de pollution à l'ozone et les appels à l'aide montant de campagnes où souffrent les cultures, les bêtes, et les hommes ne signifient pas que la Beauce connaîtra à court (ni même à long) terme le sort du Sahara. Les caprices de la nature, qui se plaît à noyer la terre avant de la dessécher, geler ou ravager de son souffle, ont de toute éternité été beaucoup trop violents et imprévisibles du goût des êtres humains. Ceux-ci entretenaient jadis l'illusion de pouvoir y parer en implorant les divinités ou en accomplissant les rituels spécialisés. Ils savent aujourd'hui qu'il n'y a pas de «faiseurs de pluie».
Les scientifiques avouent leur incapacité à prévoir au-delà des quelques jours, et à expliquer la danse des anticyclones. Peu contestent que l'activité humaine, en changeant l'atmosphère, contribue à un réchauffement indéniable de la planète par «effet de serre». Mais personne n'établit encore de relation de cause à effet entre ledit réchauffement et le blocage actuel du «cycle de l'eau».
Dans le doute, bien sûr, mieux vaut envisager le pire.