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Libération

Les travailleurs de la sueur

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Chantiers, restaurants, pressings... La canicule qui sévit en France est durement ressentie par ceux qui travaillent. Récit d'une journée très chaude.
publié le 6 août 2003 à 0h31

«C'est MON ventilateur.» En ces temps caniculaires records, l'objet est une inépuisable source de chamailleries dans les bureaux sans climatisation. «Tu pourrais au moins le tourner vers moi», etc. Eh oui, il fait très chaud, et cette remarque ponctue bien des conversations. Peu de gens souffrent en silence. Et la plupart des lieux de travail sont inadaptés à ces températures.Il y a ceux qui pérorent : «Tu branches un premier ventilateur à hauteur du visage et un deuxième dirigé sous les jupes. Tu peux aussi immerger tes avant-bras dans le lavabo toutes les dix minutes.» Ceux qui ouvrent des parapluies devant les vitres pour faire de l'ombre. Ceux qui, comme Alain, télévendeur à Lille, se plaignent de ne pas avoir de rallonge pour brancher le ventilateur. Ceux qui squattent les fontaines d'eau. Ceux qui prétextent tout et n'importe quoi pour s'introduire dans le bureau climatisé d'un chef. La clim devient une obsession : «Vous l'avez, vous ?» C'est, au téléphone, la première des questions, celle qui permet de se situer dans l'échelle des persécutions. Le salaud, il l'a : «On l'a depuis un an, je respire», répond Paul, cadre dans une société d'assurances à Paris. Le miracle est arrivé avec la direction quand elle s'est installée sur leur site : «D'un coup, on a eu la clim !» La plupart du temps, magic clim est réservée aux grands chefs qui narguent leurs subordonnés, se plaignant presque qu'«il fait trop frais !». Qu'on se console : la clim n'a pas que des avantages. La trans