Comme ceux qui ont frappé le Maroc et l'Arabie Saoudite, l'attentat de Djakarta a puisé ses explosifs dans la situation locale de l'Indonésie. Les terroristes de la Jamaa Islamiya sont le produit de la misère, de la corruption, de la répression militaire et des dérives religieuses du pays musulman le plus peuplé de la planète. Le régime démocratique qui y a remplacé la dictature militaire n'est pas encore parvenu à y mettre fin.
Mais l'ombre d'Oussama ben Laden flotte sur cette terreur, et Al-Qaeda y joue sans doute un rôle. Le «réseau de réseaux» islamo-terroriste a été affaibli par la guerre que lui mènent les services secrets occidentaux. Il fonctionne à présent davantage comme une franchise, aux succursales régionales largement autonomes. Toutes cependant partagent les mêmes méthodes la terreur par des attentats aveugles contre des «cibles molles», touristiques et économiques. Toutes ont le même credo, dont Ben Laden s'est voulu le prophète, un dérivé virulent et meurtrier de l'intégrisme islamiste wahhabite. Toutes ont pour ennemis la démocratie et la culture occidentales, que les Etats-Unis incarnent, et des régimes autochtones dénoncés comme laquais de Washington.
Insaisissable depuis qu'il s'est évaporé du côté de Tora Bora fin 2001, Ben Laden semble avoir profité de la désertion de George W. Bush sur le front de la «guerre au terrorisme». On le dit vivant, et actif, dans le sanctuaire des zones tribales du Pakistan. Ses alliés, les talibans du mollah Omar (lui aussi