Causse du Larzac envoyés spéciaux
Samedi, 21 heures. Le spectacle est sidérant, c'est sans doute le mot juste. Une marée humaine converge vers un immense terrain caillouteux, en forme de cratère lunaire. Voilà déjà cinq bonnes heures que le flot se déverse, lentement, sagement. Les participants à «Larzac 2003» quittent peu à peu les grands chapiteaux (quand même trop petits pour accueillir tout le monde), sous lesquels depuis deux jours ils ont dénoncé «les politiques ultralibérales de l'OMC et du gouvernement Raffarin» et se sont répété que «d'autres mondes sont possibles». Et tous ces gens s'en vont rejoindre, de l'autre côté de l'autoroute A75, le cratère où a débuté un concert de quatorze heures non-stop, avec Manu Chao et Asian Dub Foundation en vedettes. Les yeux sont grand écarquillés dans la procession, le soleil est rouge à l'horizon.
On ne rentre plus, on ne sort plus
La fête a commencé, et le coeur y est. C'est un succès : plus de 200 000 personnes sont venues ici, au Larzac, préparer quasi studieusement la rentrée sociale et la contre-offensive contre le sommet de l'OMC à Cancun. Ce soir, elles prennent la mesure de leur mobilisation pour la première fois, et quelque chose claque dans l'air, qui n'est pas seulement le bleu des gyrophares des pompiers débordés. Jamais le célèbre causse (qui en a pourtant vu depuis trente ans !) n'avait accueilli rassemblement aussi massif.
La foule aurait pu être plus large encore. Dès 16 heures ce samedi, un José Bové presque aphone