Trois mois que ça dure, ou presque : le temps de constater les dégâts infligés par la sécheresse et la canicule à toutes les cultures. Y compris l'élevage, et singulièrement celui des poulets et des cochons : déjà un million de victimes gallinacées en France, et au moins 36 000 porcins, rien que dans les pays de Loire. Dès la mi-juin, l'hebdomadaire La France Agricole, bible des campagnes, s'inquiétait de rendements céréaliers partout «en chute libre» alors que les moissons avaient commencé avec 15 jours d'avance, et pointait la «pénurie de fourrage» dans certaines régions. La situation s'est tellement dégradée que l'Etat a été obligé de mettre la main à la poche.
Hervé Gaymard, ministre de l'Agriculture, a admis le 30 juillet que la sécheresse de cet été 2003 présentait une situation «au moins aussi grave qu'en 1976», dernière grosse vague de chaleur estivale.
Le compte n'y est pourtant pas encore pour les paysans. Selon les dernières estimations de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), le coût de la sécheresse actuelle serait de 100 millions d'euros minimum. Le gouvernement a lâché 37 millions pour subventionner le transport et la fourniture de fourrage destiné au bétail. Il comptait sur les 130 millions qui dormaient en principe dans le Fonds national de garantie des calamités agricoles pour éponger les dégâts. Las, ce fonds ne contient plus qu'une petite cinquantaine de millions d'euros (Libération du 7 août), le reste ayant été siphonné au