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Libération
Éditorial

Dérégulés

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publié le 16 août 2003 à 0h38

L'origine de la plus grande panne électrique de l'histoire, qui a «débranché» des heures durant une partie de la plus grande puissance mondiale, reste un mystère. Il n'y a pourtant guère de mystère sur les raisons de la fragilité d'un réseau américain sujet à des accidents à répétition, de la Californie à New York. Comme l'a dit l'ex-secrétaire à l'Energie Richardson, les Etats-Unis sont «une superpuissance avec un réseau du tiers-monde». Ils le doivent à la dérégulation du marché de l'énergie.

La production d'électricité a été privatisée, mais la distribution en reste publique. Les producteurs privés ne veulent pas faire les frais des investissements nécessaires à la modernisation du réseau et à son adaptation à une consommation électrique toujours plus importante. La réduction du rôle de l'Etat et de ses dépenses, chères aux idéologues libéraux qui entourent George W. Bush, empêche ces investissements publics lourds. La recherche des prix les plus bas, et des profits les plus élevés possibles, par la concurrence du marché vont à l'encontre de dépenses d'infrastructure à long terme, forcément colossales, et d'exigences sévères en matière de fiabilité et d'entretien du réseau. Les scandales financiers, tels Enron, nés de la dérégulation n'ont rien arrangé. Tout le monde veut avoir accès à toujours plus d'électricité, mais personne ne veut payer la facture.

Les accidents n'arrivent pas qu'aux autres. Le réseau français, mieux armé pour tenir le choc, n'est pas à l'abri d'une pa