Menu
Libération
Éditorial

Mauvaise conscience

Article réservé aux abonnés
publié le 18 août 2003 à 0h38

Bien qu'ulcéré d'avoir dû abréger ses vacances, le Premier ministre n'en possède pas moins un coeur d'or qu'il sait écouter. Derrière l'épidémie caniculaire, il a vite aperçu un drame humain banal mais honteux ­ la solitude qui assombrit bien des fins de vie. Quelque habileté politique qui entre dans ce soudain intérêt, il faut l'approuver s'il allège quelques détresses. A condition, tout de même, de refuser la culpabilisation, qui pointe son nez, des ingrats qui «abandonnent» ainsi des vieillards à leur triste sort. Cette manière de se défausser du politique sur le sociétal et du sociétal sur le psychologique appartient au registre conservateur classique. Or, il se trouve qu'elle participe aussi à la réponse inadéquate apportée par le gouvernement aux conséquences de la canicule, à sa lenteur à reconnaître que se posait un problème de santé publique qui requérait une réponse rapide et globale.

Il arrive à la meilleure équipe de rater un match, ce pour quoi elle n'a à s'en prendre qu'à elle-même plutôt que d'accuser l'arbitre, la pelouse ou le public. Raffarin aurait l'épiderme moins douillet s'il avait la conscience plus tranquille. Son élagage des budgets consacrés à la vieillesse, même s'il n'a pas eu de conséquences directes et palpables sur la catastrophe sanitaire, montre bien que les drames du grand âge ne lui paraissaient pas prioritaires voici seulement quelques semaines. Plutôt que de voir évoquer ces faits pénibles, il préfère disqualifier les critiques en les décr