Claire Legall
Infirmière aux urgences à l'hôpital Avicenne (Bobigny)
«Revoir la gestion des lits dans les hôpitaux»
«Il y a eu un manque de coordination au niveau central car on n'a pas été entendus. On lançait des SOS depuis le 5, 6 août : "On n'arrive plus à gérer. Il y a énormément de personnes âgées toutes dans le même état de déshydratation avancée..." Et puis la chaleur a atteint un summum, on dégoulinait et on avait des malades à 42 ou 43 °C. On n'avait jamais vu ça ! Les médicaments pour faire baisser la température ne marchaient pas. On se sentait impuissants et inefficaces. Pour faire quelque chose quand même, on a eu recours au système D. Des moyens ridicules : mouiller les draps avec de l'eau tiède, arroser sans arrêt les patients. Le lundi 11 août, la directrice de l'APHP est venue à Avicenne. Elle a été stupéfaite de ce qu'elle a vu et, pendant deux jours, on a eu des lits à l'hôpital militaire Bégin. Ce qui nous a mis dans la panade, ce n'est pas les 35 heures mais la pénurie de lits due à la réforme hospitalière ! Ils ont commencé par fermer les écoles d'infirmières : comme il n'y avait pas assez de monde pour s'occuper des patients, cela a permis de fermer des lits. 2 000 lits ont disparu en région parisienne, alors que la population vieillit, ce qui était prévisible. Résultat, l'offre de soins ne répond plus aux besoins.
«Il faut donc une véritable réforme de l'hôpital. Toute l'année on est sur le fil, à chaque crise sanitaire le système se bloque : on garde les patients j