La canicule disparue, demeure le nombre de ses victimes qui n'en finit pas d'enfler. Avec l'estimation des Pompes funèbres générales, on passe carrément du simple déjà énorme au double, du drame à la catastrophe sanitaire. 10 000 morts trois fois l'attentat du World Trade Center ! un chiffre «plausible», de l'avis des médecins hospitaliers. A ce compte-là, il est sûr que le gouvernement Raffarin ne s'en tirera pas par la seule démission d'un haut fonctionnaire, sauf à vouloir achever de disqualifier la notion de responsabilité politique, déjà bien abîmée. «L'Etat ne peut pas tout», avait dit Lionel Jospin à propos de licenciements chez Michelin. «Le chef de l'Etat ne peut pas tout», va tenter de plaider ce matin Jacques Chirac, personnellement sommé de justifier son «silence assourdissant» face aux milliers de morts. Ses adversaires ont beau jeu de souligner sa promptitude à exprimer sa «consternation» devant les tragédies à l'étranger et son absence totale de réaction devant l'hécatombe dans l'Hexagone. Le Chef de l'Etat ne peut rien contre les caprices de la météo. Mais contre les défaillances du système sanitaire français, dont le gouvernement a la charge ? Utilisée déjà au printemps face au mouvement social, la stratégie du silence présidentiel, qui, au royaume de la défausse, organise la suprématie du chef, atteint aujourd'hui ses limites. Même si la Constitution l'autorise : le gouvernement gouverne, le Président préside, au premier les emmerdements, au second
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publié le 21 août 2003 à 0h40
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