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Libération
Interview

«Tout ce qui avait été mis en place est en train d'être supprimé».

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publié le 22 août 2003 à 0h40

Pour Philippe Bataille, sociologue et auteur d'Un cancer et la vie (1), on ne peut reprocher aux Français d'abandonner leurs parents.

Le manque de solidarité entre les générations est-il l'un des grands responsables de cette catastrophe sanitaire, comme le martèle legouvernement ?

L'hypothèse du lien familial défaillant ne tient absolument pas, pour de multiples raisons. On dit que l'abandon familial est plus élevé en France, mais les autres pays d'Europe ont eux aussi beaucoup de victimes, y compris ceux où les liens familiaux sont considérés comme forts. Par ailleurs, environ 50 % des décès se sont produits en maisons de retraite, cela va aussi contre l'hypothèse d'un problème de solitude. Quant aux personnes vivant à domicile, ce sont souvent leur famille ou des voisins qui ont donné l'alerte ; et beaucoup de malades sont arrivés aux urgences entourés d'un proche. Alors prendre l'argument du manque de solidarité entre les générations, c'est mépriser les familles endeuillées. On peut toujours être plus attentifs à son entourage, ce n'est toutefois pas la conscience collective qui est mise en cause, c'est un problème d'inadaptation de l'environnement des personnes âgées.

Comment l'expliquer ?

En fait, il y a un décalage de plus en plus important entre les performances médicales, qui permettent d'augmenter la longévité, et les conditions dans lesquelles se déroule cet allongement de la vie. L'accent est mis sur le concept d'autonomie : à cause des difficultés budgétaires et d'un