Mars n'a jamais été si proche, mais le rêve d'y voir des hommes s'y promener n'a jamais peut-être semblé aussi incertain. Le hasard a fait coïncider le (presque) rendez-vous de la planète bleue avec la planète rouge et la publication du rapport d'enquête sur la tragédie de la navette spatiale Columbia. L'espoir de découvrir de nouveaux mondes, aussi tenace aujourd'hui qu'il l'était quand Colomb s'embarquait pour les Indes ou Bougainville pour les îles, se heurte de plein fouet au dur rappel des dangers intrinsèques à l'odyssée de l'espace, comme à toute aventure humaine. Les risques sont d'autant plus grands que les erreurs et insuffisances humaines les aggravent très souvent, quand elles ne sont pas la cause directe des catastrophes, comme les enquêteurs en accusent la Nasa dans le cas de Columbia.
La longue pérégrination de l'espèce humaine, de la surface terrestre à l'espace interplanétaire, est jonchée de rêves brisés, de héros abattus et de catastrophes qu'on aurait (peut-être) pu éviter. La tentation est toujours forte de vouloir éviter le sort de Prométhée, condamné pour avoir volé une étincelle divine, et de se cantonner aux rivages connus et rassurants du monde souvent arpenté. Et on peut légitimement s'interroger sur les sommes astronomiques que demande le rêve de colonisation d'autres planètes, alors qu'il y aurait tant à faire pour prendre soin de notre Terre malade, et de ses populations trop souvent misérables. Les doutes sont d'autant plus forts que la conquête