Menu
Libération
Éditorial

Glaciation

Article réservé aux abonnés
publié le 2 septembre 2003 à 0h48

S'il demeure une inconnue quant au chiffre exact de la surmortalité due à la canicule, il n'en est aucune quant aux conséquences de la glaciation sur l'emploi : l'augmentation du nombre de chômeurs depuis un an est de plus 5,7 %. Le chiffre n'est pas glorieux qui, au rythme où se succèdent les faillites, dépôts de bilan et autres plans sociaux, laisse bientôt augurer le passage de la barre symbolique des 10 % de la population active au chômage. Cela achèvera de déprimer le moral des ménages dont l'envie de consommer permettait à la France d'éviter la récession. Comme à propos de la canicule, le gouvernement peut être tenté de plaider l'irresponsabilité. L'Etat ne peut pas tout, c'est indubitable; la conjoncture mondiale n'est pas de son fait, c'est incontestable; le retour de la croissance ne se décrète pas, cela va sans dire. Mais, depuis un an, l'emploi n'a jamais paru être la priorité d'une équipe Raffarin plus préoccupée de l'insécurité que crée la délinquance que de la sécurité que donne un job, plus pressée de supprimer les emplois-jeunes que d'ouvrir des perspectives. Sans parler de son retard devant les manquements des «patrons voyous» ou de sa timidité pour convaincre les chefs d'entreprise de ne pas faire des seniors la première variable d'ajustement quand l'âge du départ en retraite recule. Le Premier ministre avait promis «dès la rentrée» des initiatives pour l'emploi, voilà qu'il congédie, hier, le «Monsieur plans sociaux» qu'il s'était donné. Tout un symbole. M