Avant le 11 septembre 2001, les Etats-Unis étaient la seule hyperpuissance. Depuis lors, tout a changé. Les Etats-Unis sont la seule hyperpuissance et ils entendent le démontrer chaque fois qu'ils en ont l'occasion. De là, les «projections de forces» afghane et irakienne. En même temps, ce géant qui s'est découvert vulnérable a resserré sa sécurité intérieure. Cette double réaction, offensive et défensive, était inévitable et même légitime. La forme particulière qu'a donnée Bush à la riposte américaine au 11 septembre ne s'en trouve pas pour autant à l'abri de la critique à commencer par le fait que l'antiterrorisme sert d'argument massue pour dissuader les critiques.
De manière compréhensible, le volant international de la réaction américaine a capté la plupart des regards, comme l'a montré l'ampleur des manifestations qui ont accompagné, aux Etats-Unis et hors de leurs frontières, la préparation de la guerre en Irak. Moins visibles, les mesures qu'ils ont instituées au nom de leur sécurité intérieure ne laissent pas, elles aussi, de présenter des aspects inquiétants.
Les restrictions aux droits de la personne, telles celles qui touchent les détenus de la base de Guantánamo, sont plus inquiétantes. Ces pratiques «patriotiques» banalisent l'état d'exception et légitiment une zone de non-droit à l'intérieur même du droit, à rebours de toute la culture de liberté civique qui a porté l'aventure américaine.
Il faut espérer que cette régression finira par régresser elle-même car l