Washington de notre correspondant
Bravant parfois les huées des manifestants, l'attorney general (ministre de la Justice) John Ashcroft a sillonné les Etats-Unis depuis août, allant d'une ville à l'autre, avec pour ambition de calmer la grogne croissante contre sa politique en général et le Patriot Act loi de renforcement des mesures de sécurité en particulier. Ce road show s'est achevé mardi à New York. Deux ans après le 11 septembre, les Américains ont découvert que les outils antiterroristes dont ils se sont dotés ont sérieusement érodé leurs libertés publiques.
Voté dans l'urgence quarante-cinq jours après la tragédie du World Trade Center, le Patriot Act autorise par exemple les agents du FBI à opérer des recherches secrètes au domicile de personnes suspectées de terrorisme, à multiplier les écoutes téléphoniques sur la base d'un seul mandat judiciaire, ou encore à consulter les fichiers des bibliothèques, des banques, des universités et même des cabinets médicaux. «Le gouvernement peut aujourd'hui entrer chez vous, télécharger le contenu de votre ordinateur, fouiller dans vos affaires personnelles, parfois emporter des choses, et ne pas vous dire qu'il vous a rendu visite», résume-t-on à l'Aclu (American Civil Liberties Union).
Espionnés. Face à cette situation, les résistances ont été faibles. Mais elles se renforcent peu à peu. Plus de 150 communautés, y compris quelques grandes villes et trois Etats, ont voté des résolutions pour dénoncer le Patriot Act. Le Congrès