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Libération
Éditorial

Arrogance

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publié le 13 septembre 2003 à 0h58

Il y a toujours un côté frondeur en France. Un côté rebelle, village gaulois, capable de tenir tête aux puissants. Cela peut donner le meilleur mais aussi le pire quand on excite simplement la franchouillardise pour camoufler des erreurs politiques. Bruxelles sert ainsi régulièrement de tête de turc aux gouvernements de gauche et de droite pour faire oublier leurs errements. Le Premier ministre, pourtant élevé au biberon giscardo-mendésiste, a enfourché, la semaine dernière, cette tradition démago : «Le Poitou plutôt que Bruxelles, l'emploi plutôt que le Pacte de stabilité et merde à la Commission !», a-t-il lancé en substance pour faire oublier son budget 2004 qui creuse les déficits et fait un bras d'honneur aux engagements européens de la France. Cette malhonnêteté qui consiste à laisser croire que l'Europe serait responsable du chômage lui a valu les applaudissements de Pasqua et autres souverainistes, tous anciennes gloires démonétisées. Mais cela ne l'a pas aidé à redresser sa popularité en vrille. Sans doute parce que les Français ne s'y trompent plus. Et qu'ils veulent bien qu'en politique, on joue avec les mots mais pas jusqu'à dire n'importe quoi. La dernière raffarinade ­ «Je me compare aux pays que la France accepte, [...] c'est-à-dire les Etats-Unis, c'est-à-dire l'Allemagne, c'est-à-dire le Japon.» ­ était un modèle du genre. Désobligeante à l'endroit de nos partenaires de l'Union et révélatrice de ces hommes politiques qui croient qu'ils ne peuvent avoir l'adh