Il y a quelques jours, Jean-Pierre Raffarin prétendait gérer comme un «bon père de famille» contre les «bureaux» bruxellois. Le voici qui appelle à une «République du bon sens». A ce rythme, il risque l'overdose de lieux communs. Surtout que rien n'est moins simple que l'usage du bon sens, comme le sait le Premier ministre qui compte un philosophe, spécialiste de la pensée 68, parmi ses ministres. Le problème, rebattu depuis Descartes, c'est qu'il est la chose du monde la mieux partagée. Mais que ce qui en est pour les uns revient souvent à en manquer pour d'autres. Exemple, quand un gouvernement qui se targue de sa volonté de réforme décide de surseoir à celle de l'assurance maladie et se contente de rustines alors que le trou de la Sécu est historiquement «abyssal», faut-il y voir du bon sens ou une bêtise? Question identique quand la même équipe qui prétend baisser les impôts augmente la fiscalité sur le diesel. Ou quand, au prétexte de «réhabiliter le travail», elle diminue les allocations de fin de droits des chômeurs et ajoute à la précarité en songeant à instaurer le CDD qui permet d'employer un salarié une éternité sans l'embaucher, vieux rêve du Medef. Le Premier ministre, lui, ne voit que du bon sens derrière tout cela. Sa majorité, elle, commence à en douter. «Tenir le cap des réformes», a plaidé, hier, Christian Poncelet après Sarkozy, façon de s'inquiéter du surplace d'un Raffarin-plus-rien. Quoi qu'il en dise, l'intéressé, en panne de popularité, entend bien s'
Éditorial
Mauvais sens
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publié le 24 septembre 2003 à 1h06
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