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Libération
Éditorial

Défaillance

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publié le 25 septembre 2003 à 1h07

S'il importe de comprendre ce qui s'est passé en France lors de la canicule d'août, c'est avant tout pour que de tels faits ne se renouvellent pas. On le doit à la mémoire des victimes, et on peut croire que, dans un pays où les énarques se prennent pour le sel de la terre, il n'y aura pas de bis. Mais cela importe aussi parce qu'on y touche du doigt une question essentielle en démocratie: où précisément, dans l'échelonnement des responsabilités, finit celle de l'administration et commence celle du personnel politique?

On sait que Raffarin et son ministre de la Santé se sont contentés de pointer un doigt accusateur vers divers services en dénonçant un défaut grave du système d'alerte. Mais cela ne va-t-il pas de soi? D'ailleurs, personne n'accuse ces gouvernants d'avoir délibérément ignoré des mises en garde explicites contre les conséquences dramatiques de leur inaction. Or, la reconstitution précise et dépassionnée des heures où la machine s'est enrayée montre que le ministère de la Santé disposait de suffisamment d'informations pour décider en connaissance de cause. La piste de l'inconséquence s'arrête à la porte du ministre. Il est possible qu'elle la franchisse.

Contre une telle mise en cause, Jean-François Mattei ne peut pas se défausser sur son cabinet: comme décideur public, il est responsable du choix de ses collaborateurs et des règles qui encadrent leur fonctionnement ou préparent en douce leur dysfonctionnement. Selon l'argumentaire du ministre de la Santé, il y a