Il avait tout pour réussir: compétence, expérience, honnêteté. Et voilà que le ministre de la Santé, Jean François Mattei, se trompe, traîne à réagir, communique mal. Bref, échoue. «Je n'ai rien su», répète-t-il. «Le système d'alerte a échoué», se défend-il. Certes... Mais avant la canicule, tous les experts, lui compris, répétaient que la France avait le meilleur système de sécurité sanitaire en Europe, voire dans le monde ! Sonné, choqué, «bouleversé», Mattei ne veut toujours pas admettre qu'il a mal géré cette crise.
Grain de sable. De rapport en rapport, sa responsabilité politique paraît, en tout cas, de plus en plus clairement engagée. Il y a lieu de s'interroger sur le rôle de son cabinet. Mais aussi sur le sien. Que savait-il réellement ? Pourquoi n'a-t-il pas réagi ? Mais d'abord, le contexte : quand il arrive au ministère de la Santé, Mattei qui a en plus la charge de l'énorme dossier de l'assurance maladie prend une décision hautement politique : la santé publique, et en particulier la question de la sécurité sanitaire, est pour lui une affaire d'experts. Il le dit. Ce sera donc au directeur général de la santé, le professeur Lucien Abenhaïm, technicien de haut vol, de prendre en charge ces questions. Au sein de son cabinet, Mattei instaure de nouvelles règles : aucun conseiller n'a le droit d'avoir le moindre contact avec la presse. En particulier William Dab, qui supervise toutes ces questions auprès du ministre.
L'air de rien, un écran se forme. Aucun débat n