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Libération

L'oeil critique des photoreporters

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La rapidité du numérique est indéniable mais il a changé le travail des professionnels.
publié le 27 septembre 2003 à 1h10

Argentique ou numérique, ce n'est plus vraiment un sujet de débat chez les photojournalistes. Pas le choix. Dans la photo d'actualité, le marché impose d'aller vite et le couple numérique-satellite est imbattable. Même des hebdomadaires comme Newsweek veulent des images tous les jours, alors qu'un envoi par semaine (en argentique) resterait compatible avec la cadence de bouclage. «Les journaux sont devenus de simples consommateurs d'images», souligne un grand photographe de Newsweek, qui préfère rester anonyme : la chef du service photo du magazine américain s'est fait virer un peu avant l'été au motif que, dans le pool de photographes qu'elle a fait travailler sur la guerre en Irak, l'un d'eux travaillait en argentique. Au moment du bouclage, on aurait perdu quelques précieuses minutes sur le concurrent Time. Dehors !

Recul. Le numérique a des effets pervers moins spectaculaires. «S'il y a un peu de bon ­ la rapidité essentiellement ­, il y a aussi du très mauvais», estime Jean-François Leroy. Le directeur de Visa pour l'image, manifestation-phare du photojournalisme, déplore ainsi que le numérique ait fait perdre «le recul nécessaire vis-à-vis de l'image». Listons les griefs. D'abord, il est devenu difficile d'évaluer un reportage puisqu'il faut visionner sur écran un CD contenant des centaines de clichés aux titres ésotériques (genre «jpg.129»). «C'était plus simple avec les planches contact.» Ensuite, «la vitesse a éliminé tout filtre entre événement et publication : bea