Une superstition courante prohibe le vocable de «récession», sans doute de peur qu'il n'apporte ou n'aggrave la chose qu'il désigne. En parlant de «contexte récessif», Raffarin ou Lambert ont fait la moitié du chemin. Mais ils n'ont admis que la France traversait une période économique très grave que contraints et forcés par l'évidence. Cet entêtement, qui est peut-être un aveuglement, a un revers : l'imprévoyance. En pariant sur une reprise qui n'a pas eu lieu, le gouvernement a perdu un an. Maintenant, piégé par le déficit budgétaire, il n'a plus de munitions à jeter dans la bataille.
Certes, il existe pour lui un bon usage de la récession car il peut en tirer argument pour justifier des mesures impopulaires. Il est notoire que le chômage et surtout la crainte du chômage pèse sur la combativité sociale. Quand tout va mal et que chacun peut le constater, une politique de rigueur devient plus simple à administrer. Mais point trop n'en faut car les électeurs n'aiment pas aller mal, même à l'unisson du «contexte».
Car ce n'est pas la France qui tombe mais l'Europe, du moins celle de la zone euro (mais les Britanniques toussent). Or les Européens glissent sur la pente descendante, pénalisés par une monnaie devenue forte. La machine européenne n'a pas su mettre à profit, pour enclencher la reprise, un euro tombé bien en dessous de la parité avec le dollar. Ce qui n'a pas marché dans un sens risque malheureusement de fonctionner en sens inverse : l'euro monté à ses taux actuels