Moscou envoyée spéciale
Inquiet et morose. En visite officielle à Moscou pendant deux jours, Jean-Pierre Raffarin n'a pas caché un moral en berne. Forte baisse dans les sondages, spectre de la récession économique, premiers grognements dans la majorité, tout est réuni pour le miner à quelques mois des élections régionales, cantonales et européennes. Comme pour conjurer le mauvais sort, le Premier ministre s'en est remis hier aux mots de Martin Luther King. «Faisons en sorte qu'une nouvelle lumière se jette sur les ténèbres du pessimisme», a-t-il déclamé devant des chefs d'entreprise français pour répondre à «ceux que le déclin obsède». Lugubre.
«Revoir nos choix». Car la veille, c'est bien le Premier ministre qui avait publiquement évoqué un «contexte récessif» à propos de la situation en France. Des propos alarmants qu'il a nuancés dans la soirée lors d'une rencontre informelle avec des journalistes. «On ne peut pas parler de récession, a-t-il alors expliqué, mais de croissance négative.» Et de lâcher : «Bien sûr que je doute. Qui ne douterait pas à ma place ? Nous avons fait campagne sur la base de 3 % de croissance. Tout le monde doute, les chefs d'entreprise doutent.» Alors que Jacques Chirac s'est transformé en adepte de la méthode Coué posture qu'il a de nouveau adoptée lors d'un déplacement dans l'Yonne mi-septembre , deux facteurs inquiètent particulièrement Jean-Pierre Raffarin : la croissance négative, mais aussi la parité euro-dollar. Le chef du gouvernement veut