Après l'insécurité tout court, place à l'«insécurité sociale». Une périlleuse surenchère sur la délinquance avait pollué la campagne présidentielle, une nouvelle forme d'insécurité devrait influer sur les scrutins de 2004, celle qui touche aux conditions économiques des électeurs. Avec un chômage en forte hausse, une protection sociale menacée et un contexte «récessif» selon Raffarin lui-même, le tout sur fond de passe d'armes sur le «déclin», cette «insécurité sociale» menace de jouer un rôle anxiogène similaire à celui de la violence en 2002.
Les associations de chômeurs, AC ! en tête, dénoncent, bien sûr, la «logique d'insécurité sociale» d'un gouvernement qui réduit l'indemnisation des chômeurs de longue durée. L'extrême gauche partisane n'est pas en reste, Lutte ouvrière prônant l'«interdiction des licenciements» pour enrayer une «aggravation de la misère visible à l'oeil nu». Même le PS s'y met, Ayrault accusant Raffarin de «créer de l'insécurité sociale». Mais si la question sociale sert d'ordinaire la gauche, elle pourrait nuire à des partis de gouvernement en peine d'incarner une alternative crédible.
«Sans-grade». Le FN l'a compris et ambitionne de reprendre pied sur un champ social délaissé depuis le départ de Mégret en 1999. Soucieux de retrouver les accents populistes qui l'avaient grimé en porte-voix des «petits, exclus et sans-grade» au soir du 21 avril 2002, Le Pen a récemment assigné à ses troupes la mission de caresser l'électeur populaire dans le sens du dés