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Libération
Éditorial

Présomptueux

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publié le 14 octobre 2003 à 1h22

Le soldat Jospin a fait mouche en tirant sur le budget militaire, un endroit sensible pour le gouvernement. Celui-ci sait bien que le traitement de faveur qu'il a accordé au ministère de la Défense ne sera pas populaire par ces temps de restrictions budgétaires. L'unanimité presque complète qui a approuvé le printemps dernier la position française sur l'Irak n'avait pas le pacifisme pour seule cause. Elle n'en a pas moins révélé la profondeur de ce sentiment dans l'opinion.

Il faut pourtant observer que l'attaque de Jospin porte sur le «contretemps» du budget militaire, non sur le fond de celui-ci. Peut-être l'attaque de l'ancien Premier ministre n'est-elle qu'une façon détournée d'ouvrir un débat que, prisonnier de la cohabitation, il a préféré éviter au temps de ses responsabilités gouvernementales ? Ce qui est en jeu, c'est la structure des dépenses militaires et donc le type de défense souhaitable pour la France. Elle est le seul pays moyen qui prétende à la fois avoir une stratégie nucléaire et des forces conventionnelles aux normes du XXIe siècle capables d'intervenir rapidement partout. Cela a nécessairement un coût qu'il est sans doute présomptueux de prétendre assumer seuls.

Dans le monde entier, les gouvernements conservateurs s'opposent à une politique industrielle «étatiste» et au financement public de l'emploi. Ce principe souffre néanmoins une étrange exception en faveur des dépenses militaires. En suivant l'exemple de Reagan ou Bush, Chirac s'expose à deux repro