Spécialiste de l'Europe de l'Est et du Vatican, Bernard Lecomte, 53 ans, ancien grand reporter à la Croix et à l'Express, vient de publier une biographie de Jean Paul II qui fait déjà référence (1).
Quel est le bilan de ces vingt-cinq ans de pontificat?
Au regard du siècle, on gardera la contribution de Jean Paul II à la chute du communisme. Au regard du millénaire, on retiendra la réconciliation entre les juifs et les chrétiens. Au-delà des problèmes géopolitiques ou géoreligieux, on retiendra que ce pape a remis l'homme au centre de toutes les préoccupations de l'Eglise. A force de mettre en avant la primauté de l'homme et de défendre sa dignité, il va avoir un discours très cohérent tant face au socialisme qu'au capitalisme. On croit souvent qu'il a lutté dix ans contre le communisme, puis ensuite critiqué le libéralisme. Ce n'est pas tout à fait vrai. Le premier voyage de Jean Paul II, avant même la Pologne, était au Mexique et, devant les Indiens, il a tenu un discours révolutionnaire. Il a dit: je suis la voix des pauvres, c'est vous qui avez raison, vous n'avez pas à vous laisser faire. Ce discours, il va le tenir pendant vingt-cinq ans. Dans son encyclique Centisimus annus de mai 1991, capitale sur le plan politique, il affirme que le socialisme est tombé parce qu'il avait fait de l'homme un rouage de l'Etat. Et il souligne que si le capitalisme fait pareil, il tombera aussi.
Avec lui, l'Eglise devient vraiment mondiale ?
Il faut bien sûr nuancer. Paul VI avait déjà fait