En remplaçant le terme d'«inculpation» par celui de «mise en examen», le législateur avait souhaité parer à l'opprobre attaché, de façon indue mais presque inévitable, à cet acte inaugural d'une procédure judiciaire. Cet effort louable en faveur de la présomption d'innocence n'a pas été couronné de succès, comme on le vérifie tous les jours. Ainsi hier, la colère des directeurs de maisons de retraite après la mise en examen de l'un d'eux pour le décès d'une de ses pensionnaires pendant la canicule du mois d'août. Une condamnation aurait provoqué à peine moins d'émoi.
La réaction des directeurs d'établissements pour personnes âgées reste incompréhensible si on ne la situe pas dans son contexte. Cet emballement est caractéristique d'une profession dont les nerfs sont à vif. Alors que ces responsables pensent figurer, au moins symboliquement, dans le camp des victimes, il leur paraît qu'au contraire on veut leur faire porter le chapeau d'un état de fait qu'ils ont pourtant été les premiers à dénoncer dès avant l'été. Comme personne n'a vraiment endossé la responsabilité de la catastrophe sanitaire, il en reste une culpabilité sociale latente qui ne demande qu'à crever comme un mauvais orage. On comprend que les directeurs refusent de servir de paratonnerre.
Leur nervosité s'explique aussi par les retards du plan «Vieillesse Solidarité». Ils redoutent une entourloupe budgétaire facilitée par le calendrier parlementaire. Hubert Falco rejette ici même de si noires imputations... tou