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Libération
Interview

«La hausse brutale est efficace»

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publié le 20 octobre 2003 à 1h26

Bertrand Dautzenberg, pneumologue à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, est président de l'Office français de prévention du tabagisme.

Cette hausse du tabac va-t-elle décourager les fumeurs ?

Oui. Plus la hausse est forte, brutale et perçue comme continue, plus elle se révèle efficace en terme de santé publique. Une augmentation trop légère est insuffisante : les fumeurs font leurs calculs pour l'absorber. Aujourd'hui, pour la première fois, on leur dit que non seulement ça augmente mais que ça va continuer, jusqu'à ce qu'ils arrêtent. La France n'a jamais connu deux hausses si fortes et si rapprochées. Le paquet de blondes passe de 3,80 à 4,60 euros et dépassera les 5 euros en 2004. On reste loin des 7,5 euros anglais, mais on s'en rapproche. Certes, l'objectif «zéro fumeur» du ministre de la Santé est plus un espoir fou qu'un objectif réalisable ; mais le prix dissuade, notamment ceux qui ont un budget à tenir.

Cette nouvelle taxe indirecte n'est-elle pas d'abord un moyen pour l'Etat de remplir ses caisses ?

Depuis plus de vingt ans, les ministres de la Santé successifs ­ Veil, Evin, Kouchner ­ ont réclamé une forte hausse du tabac pour des raisons de santé publique. Bercy refusait. Rappelons que l'Etat avait des actions dans la Seita, devenue Altadis, et ne s'est désengagé totalement de ses intérêts financiers de fabricant que depuis trois ans. Cette fois, les préoccupations de Bercy, obligé de trouver rapidement de nouvelles recettes pour financer le trou de la Sécurité socia