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Libération
Éditorial

Remède

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publié le 20 octobre 2003 à 1h26

Devant la grève des buralistes, on a envie de dire : qu'elle dure ! Le tabagisme n'en reculerait que plus rapidement. Bien sûr, il se trouverait des démagogues pour chercher à exploiter la colère des accros du tabac, brutalement sevrés, comme ils le font déjà de celle de débitants furieux de leur manque à gagner. Le gouvernement est pris en tenaille entre sa volonté, louable, de lutter contre la maladie dispendieuse qu'est le tabagisme, et les retombées politiques de son effort de salubrité publique, qui peuvent être négatives pour lui. Aura-t-il le courage de se mettre à dos une profession qui prétend influencer l'opinion de ses 10 millions de clients ? Il aurait pourtant tort d'écouter ses députés qui le supplient de reculer. Car l'opinion française a évolué. Plus personne n'ose nier les ravages que la fumée provoque à terme sur la santé. Certes, l'Etat n'est pas sans tache, puisqu'il tient pour légale et autorise la vente d'un produit qu'il reconnaît comme un danger mortel. Et qu'il n'hésite pas à remplir ses coffres des taxes qu'il prélève sur ce poison, tout en disant vouloir combler les trous que celui-ci fait dans son budget de santé et les poumons de ses citoyens.

Mais on sait la prohibition vouée à l'échec. La mise des fumeurs au pilori de la société, comme aux Etats-Unis, sent trop son tartufe. Quant à l'éducation, elle est oeuvre de longue haleine, surtout s'agissant du (petit) paradis artificiel qu'est chaque cigarette. Tout fumeur doit rester libre de s'empoisonn