La France s'est fait gronder et peut-être même elle se fera fesser ! Heureusement que la France s'en fout. Chirac et Raffarin ont décidé de renvoyer du même coup l'équilibre du budget aux calendes grecques et la tutelle de Bruxelles aux orties. Comme tétanisé par son impopularité après s'être grisé de sa copieuse majorité, le gouvernement Raffarin a choisi de ne pas choisir avant les élections régionales de l'an prochain et malgré le caractère relativement secondaire de celles-ci. Raffarin a péché par imprévoyance en tenant pour assurée une reprise économique en 2003 malgré de nombreux signaux contraires. Du coup, après avoir perdu un premier pari, il se trouve dans l'obligation de doubler sa mise sans garantie de résultat.
Comme le savent tous ceux qui abusent de la faculté de vivre à crédit, le retour sur terre peut être douloureux. Selon les prévisionnistes, malgré un léger mieux, l'activité économique restera maussade l'an prochain. Et l'énorme gonflement de la dette ne facilitera pas l'ajustement délicat des colonnes «crédit» et «débit» du budget de l'Etat et de celui de la Sécurité sociale, que ne distinguent pas, à juste titre, les conventions européennes. Qui vivra verra.
Les partenaires de la France prendront note qu'ils comptent moins que les présidences de région. Les europhiles pleureront deux fois, la première à cause du mépris témoigné aux règles de l'Union européenne, la seconde pour la facilité avec laquelle les Français s'en accommodent. Pour passer en force,