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Libération
Éditorial

Mainmise

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publié le 24 octobre 2003 à 1h31

Aider le peuple irakien à rebâtir son pays ruiné est à la fois un impératif moral et une nécessité stratégique. Ce n'est qu'en améliorant leur vie quotidienne qu'on convaincra les Irakiens que le renversement de Saddam Hussein avait d'autres buts que de leur imposer une occupation étrangère, et de piller leur or noir. On devrait donc applaudir une réunion dont le but déclaré est de mobiliser l'aide à la reconstruction de l'Irak. Et s'étonner de la réticence de nombre de pays, à commencer par la France, à mettre la main au portefeuille. Il y a pourtant des raisons à cette apparente pingrerie. Toutes ne tiennent pas à une mesquinerie de mauvais perdants, bien que les pays qui s'étaient opposés à la guerre soient les moins prêts à porter assistance dans l'après-guerre. Ils ne veulent pas que leurs contributions légitiment une occupation qu'ils n'ont finie par légitimer qu'à reculons et continuent de critiquer.

On peut leur rétorquer qu'il est absurde d'attendre un gouvernement irakien souverain, qui n'est pas pour demain, pour aider le peuple irakien. Mais il faut aussi noter que la reconstruction se fait pour l'heure sous l'autorité du seul proconsul américain, et au profit quasi exclusif d'une poignée de multinationales américaines. Qu'en outre, il ne servirait à rien de déverser des dizaines de milliards de dollars sur l'Irak pour un effet d'affichage politique, alors que la décrépitude de ses infrastructures ne permettra pas à ce pays d'absorber utilement plus de 5 milliards