Depuis son élection en mars 2000, Vladimir Poutine poursuit trois idées obsessionnelles : moderniser la Russie afin de lui faire regagner son statut de puissance, écraser les rebelles tchétchènes, qu'il a promis de «buter jusque dans les chiottes», enfin remettre au pas les «oligarques» qui, sous l'ère Eltsine, avaient la fâcheuse habitude de se mêler de politique. Cette ultime mission lui tient particulièrement à coeur : dans la «démocratie dirigée» qu'il bâtit, il ne peut y avoir qu'un tsar, lui-même, et Mikhaïl Khodorkovski menaçait de lui faire de l'ombre.
La méfiance que Poutine nourrit à l'égard des oligarques découle de sa vision du pouvoir. Pour lui, la Russie ne peut être dirigée que de façon autoritaire et, après les errements de Boris Eltsine, Président à éclipses, cardiaque et usé par l'alcool, le principe de la «verticale du pouvoir» doit être rétabli. Dès lors les oligarques, ces richissimes hommes d'affaires qui ont fait fortune dans les années 90 par des moyens discutables, doivent rentrer dans le rang, sous peine de voir les rigueurs de la loi s'abattre sur eux.
Dès son arrivée au pouvoir, Poutine s'attaque au plus connu et au plus haï des oligarques, Boris Berezovski. Représentant honni de la «Famille», l'entourage corrompu d'Eltsine, celui-ci se vante de tirer les ficelles du pouvoir grâce à ses liens avec Tatiana Diatchenko, la fille du Président. Mais, en 1999, Berezovski commet l'erreur de sa vie : soucieux d'organiser la succession d'Eltsine, il mise sur