Plus les jours passent et plus le pouvoir russe ressemble à ses prédécesseurs. La démangeaison autocratique, qui a couru de tsarisme en stalinisme, gratte manifestement Poutine. De même qu'il a trafiqué les lois électorales et raboté l'essentiel de la liberté des médias, il a écarté ces symboles d'un pouvoir qui lui échappait : les «oligarques». Certes, si Khodorkovski dort en prison, c'est à une action judiciaire qu'il le doit. Mais c'est un euphémisme de dire qu'en 2003 la justice russe doit encore convaincre de son indépendance. On appelle oligarques ceux qui ont privatisé à leur profit les anciens monopoles socialistes, toutes choses restant égales par ailleurs. Des fortunes aussi énormes et rapidement amassées ont évidemment été acquises en dehors de la loi. D'ailleurs, il n'y avait pas de loi sinon celle qui convenait à ces nouveaux super-riches. La comparaison avec les robber barons américains est trompeuse : ces «barons pillards», tels Rockefeller ou Carnegie, ont réellement construit une industrie appelée à devenir la première. Les oligarques n'ont eu qu'à détourner la rente tirée des matières premières. Ce ne sont pas des enfants de choeur, mais leur seule existence montrait que le pouvoir ne dépendait plus du seul Kremlin. Leur flirt avec les parties ou idées «libérales» n'a pas d'autre signification. Mais c'était déjà trop pour le clan des «tchékistes» regroupé autour de Poutine.
La première compagnie pétrolière mondiale, Exxon, était prête à payer 28 milliards de