Menu
Libération
Éditorial

«Préventif»

Article réservé aux abonnés
publié le 27 octobre 2003 à 1h33

En matière de nucléaire, plus on est de fous, moins on rit. Et depuis la chute du Mur qui a emporté avec lui l'équilibre de la terreur, on rit de moins en moins. S'il n'y a plus qu'une hyperpuissance, l'arme nucléaire, elle, est devenue un produit presque courant. Jusqu'à susciter les craintes de la communauté internationale de la voir pointer en Iran après qu'on a cru l'apercevoir en Irak. La doctrine forgée pendant la guerre froide justifiait l'existence de la force de frappe comme arme du dernier recours pour dissuader les autres de l'employer eux-mêmes. Prolifération et nouvelles menaces terroristes obligent, certes, à repenser ces tables de loi. George Bush a commencé le travail en appliquant la notion de «guerre préventive» contre un Etat soupçonné de receler des armes de destruction massive. Et en laissant le Pentagone inventer les «frappes préventives», celles qui, réalisées à l'aide d'armes nucléaires miniaturisées, permettraient d'obtenir des pertes civiles miniatures ! Une guerre nucléaire enfin humainement acceptable, comme reformatée par des spin doctors Folamour pour les téléspectateurs de Fox News... Fût-elle en mal de crédibilité, cette révolution doctrinale bushienne fait déjà pourtant ses effets. Il y a quelques semaines, le ministre russe de la Défense avertissait que son pays pourrait bientôt revoir sa doctrine militaire, «notamment dans le domaine des armes nucléaires». La question aujourd'hui est bien de savoir si une nouvelle course aux armements nuclé