Les tribulations du Clemenceau, fleuron fané de la Navale voué à la casse, encalminé en Méditerranée pendant qu'on se dispute sur le lieu et la manière de le démembrer, avec l'amiante qu'il contient, croisent par un hasard de l'actualité la traversée transatlantique d'une armada de rafiots rouillés et désarmés de l'US Navy. Dénoncés comme autant de bombes flottantes par les écologistes en raison des produits toxiques qu'ils contiennent, ils voguent vers un port européen où ils seront mis à la casse. D'autres pourraient suivre ce D-Day d'un nouveau genre.
Ces navires ne sont pourtant que des gouttes d'eau dans l'océan des déchets industriels, généralement peu écolo-compatibles, dont tous les pays, à commencer par les plus riches et développés d'entre eux, cherchent à se débarrasser chez les autres. Ils le font souvent en douce, comme certains jettent leurs ordures devant la porte du voisin, en les expédiant vers des destinations aussi pauvres qu'exotiques. Les pays les plus responsables s'interdisent l'exportation de déchets toxiques, mais pas celle des épaves, au terme de la convention de Bâle. On remarque que les Etats-Unis, qui se conduisent dans ce domaine comme dans tous les autres touchant à l'environnement en véritable Etat voyou, ne l'ont pas ratifiée.
Mais l'affaire du Clemenceau prouve que même dans l'Union européenne le refus d'assumer les coûts élevés du recyclage des saletés dont on a profité par le passé amène à de douteux arrangements avec la piraterie des bateau