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Libération
Éditorial

Tête-à-queue

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publié le 30 octobre 2003 à 1h36

Nicolas Sarkozy promet d'appliquer aux nationalistes corses la stratégie qui permit au FBI américain de faire tomber Al Capone : aller chercher dans leurs comptes bancaires de quoi leur régler leur compte. Quiconque s'est jamais intéressé à la Corse sourira de l'entendre plaider, comme Lionel Jospin l'avait fait au sujet de l'insécurité, la «naïveté» pour expliquer ne pas avoir pris plus tôt la mesure des pratiques mafieuses qui ont cours dans l'île. Le président de la République fustigera-t-il dans la naïveté de son ministre de l'Intérieur une faute politique, comme il l'avait fait pour son ex-Premier ministre ?

Sarkozy n'a évidemment pas tort de vouloir faire reculer la peur qui, bien plus que la tradition, nourrit l'omerta. Mais à effectuer un tête-à-queue et à reprendre l'argumentaire des antinationalistes, il risque la sortie de route. Si «neutraliser le système mafieux» est le préalable à tout dialogue politique, comment le ministre pourra-t-il «faire la paix avec les ennemis d'hier» ? La République ne saurait composer avec des mafieux. Si tous les nationalistes n'en sont pas, comment séparer les gangsters des autres ?

La vraie difficulté en Corse a toujours été de démêler les actions violentes d'une poignée de cagoulés faisant profession ès plasticages d'un particularisme ombrageux bien plus répandu, nourri d'un sentiment d'injustices historiques, de craintes de voir l'île de Beauté livrée aux bétonneurs et de mauvaises habitudes de passe-droits concédés par la Républiq