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Libération
Éditorial

Contre-la-montre

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publié le 31 octobre 2003 à 1h37

«Pense à l'économie, idiot !» L'injonction que Bill Clinton s'était adressée à lui-même en 1992 lui avait permis d'arracher la Maison Blanche à Bush père, pourtant vainqueur de l'Irak. Nul doute que le fils de ce dernier y pense sans cesse, même s'il ne la cite jamais. Bush sait qu'il jouera sa réélection dans un an sur l'état de l'économie américaine davantage que sur l'état de la sécurité nationale des Etats-Unis, et ce en dépit de sa victoire en Irak ­ d'autant plus que cette dernière apparaît chaque jour plus incertaine. On comprend donc qu'il se soit bruyamment félicité hier de l'annonce d'une reprise sans équivalent depuis près de vingt ans et réjoui de la perspective d'une croissance soutenue l'an prochain.

Les choses ne vont pas franchement bien sur le front de Bagdad, les victoires restent rares dans la guerre au terrorisme et l'impasse est totale au Proche-Orient. Ses futurs adversaires démocrates ne se privent plus de l'attaquer sur sa politique étrangère. L'électorat commence à avoir des doutes sur sa sagesse et son habileté de commandant en chef.

Une course contre la montre est donc engagée entre la dégradation de la situation au Moyen-Orient d'une part, l'amélioration de l'économie aux Etats-Unis de l'autre. Si la reprise américaine se révèle n'être qu'un feu d'artifices à base de déficits budgétaires, de dépenses militaires et de dollar faible, et que de surcroît elle ne crée pas d'emplois, on pourra dire «bye-bye Bush» dans un an. Mais adieu du même coup aux es