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Libération
Éditorial

Indéfectible

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publié le 3 novembre 2003 à 1h40

Il aura fallu un quart de siècle à la LCR pour suivre le PCF dans l'abandon de la «dictature du prolétariat» et moins d'un week-end pour entériner un accord électoral avec LO, qui en reste l'irréductible vestale. Toute contradiction appelant son dépassement dialectique, la Ligue lance dans la foulée un appel à la cantonade altermondialiste pour la constitution d'un «parti anticapitaliste» qui en laissera perplexe plus d'un. L'idée d'une Ve Internationale n'obsède pas forcément les promoteurs des forums sociaux de Porto Alegre à Saint-Denis.

C'est que la concession aux exigences démocratiques contemporaines ne veut pas dire que le logiciel politique trotskiste soit totalement hors d'usage. Le courant incarné par la LCR a pu se renouveler en trente ans, car il a eu plus que d'autres l'intelligence des mouvements de la société. Mais il y a une manière de faire de la politique qui demeure indéfectiblement trotskiste. Il s'agit d'avancer des propositions de réforme irréalisables dans le cadre du système en vigueur ou de pousser à des actions irréalistes au regard du rapport de force du moment, de façon à apparaître toujours comme les militants intransigeants de la mise à bas de l'ordre ancien et les dénonciateurs intraitables de ceux qui le préservent, à commencer par la gauche «réformiste». Mais cela suppose de ne jamais se lier les mains dans des accords de gestion locale ou gouvernementale, nécessairement fondés sur des compromis négociés, qui obligeraient à quitter la posture