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Libération
Interview

«Rien n'est plus dissemblable que LO et la LCR»

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publié le 3 novembre 2003 à 1h40

Ecrivain, professeur à Sciences-Po, auteur de l'Histoire générale de l'ultragauche (Editions Denoël), Christophe Bourseiller décrypte l'histoire des relations entre LO et la LCR.

L'accord LO-LCR a des airs d'éternel recommencement. Pourquoi les précédents n'ont-ils pas abouti ?

LO et la LCR divergent sur de nombreux points tactiques et débattent sans interruption depuis... 1969. Les accords électoraux relèvent du mariage blanc et ne sont conclus que pour des raisons pratiques. Il s'agit aujourd'hui de constituer à gauche de la gauche un pôle radical et antilibéral pouvant éventuellement atteindre une moyenne de 10 %. Mais rien n'est plus dissemblable que LO et la LCR. La LCR surfe sur les «nouveaux mouvements sociaux», révise le bagage idéologique trotskiste et s'agrège à la galaxie altermondialiste. Lutte ouvrière, de son côté, s'arrime à une vision léniniste privilégiant l'action en direction de la classe ouvrière.

Qu'est-ce qui, cependant, rapproche LO et la LCR ?

Les deux formations partagent une même vision du monde. Toutes deux défendent des positions marxistes, léninistes, révolutionnaires. Elles n'utilisent les urnes qu'en tant que tribune, mais parient sur un changement révolutionnaire violent. Elles militent enfin pour la dictature du prolétariat (une référence que la LCR a toutefois gommée de ses statuts ce week-end, ndlr). Il s'agit cependant de deux mouvements très différents. Pour résumer, on pourrait dire que LO se présente comme un groupe invariant et orthodoxe,