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Libération
Éditorial

Consensuels

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publié le 4 novembre 2003 à 1h42

Régulièrement éconduits, les socialistes continuent pourtant à leur filer le train. Les communistes leur ont ouvert leur Fête de l'Huma pour ne pas désespérer la vente des billets en cours. L'extrême gauche, toute à son rêve de grandeur depuis que les trotskistes sont à la noce, prétend être leur débouché politique naturel. La droite n'est pas en reste, qui a promis d'allonger la monnaie pour subventionner le forum de Saint-Denis. Jamais en mal de serments électoraux, Chirac leur a même emprunté quelques idées par le passé. Surtout, il ne lui déplaît pas de jouer de ce mouvement pour appuyer sa nostalgie gaulliste d'une France qui aurait toujours un rôle d'arbitre à tenir, non plus entre les «deux blocs», mais entre l'unilatéralisme de l'hyperpuissance américaine et un multilatéralisme en devenir. Parés de tous les atours, les altermondialistes sont ainsi devenus bien en cour, courtisés de tous, objets de récup, consensuels et bientôt universels. Qu'y peuvent-ils si les partis politiques, discrédités, abandonnés par leur électorat, cherchent à travers eux à renouer avec une société civile qui ne croit plus aux formes traditionnelles d'engagement et se retrouvent dans leur volonté de ne pas se contenter du monde tel qu'il va ? Mais révélateurs, plus que sauveurs de la crise de la représentation, tels restent, pour l'heure, les alters. De quoi demeurer modeste en dépit du gringue qui leur est fait. S'ils devaient se croire déjà devenus le «mouvement d'émancipation sociale du X