Donc, hier matin à 9 heures, sur la plus belle avenue du monde, ce qu'il reste de la presse parisienne faisait le pied de grue aux portes du Normandy pour la projection avant-première unique de Matrix Revolutions. Le film sortant demain, cette séance, d'ailleurs clairsemée, était assez inutile d'un point de vue professionnel : à part la presse quotidienne, tous les autres médias ont déjà bouclé. En revanche, si on voulait couper les jarrets de la réflexion critique, on ne s'y prendrait pas autrement. Passons sur l'ambiance paranoïaque antipirates, avec rangée de vigiles, fouille des sacs à main et dépôt à la consigne de toute électronique litigieuse (téléphones portables, appareils photo, enregistreurs, etc.). Passons encore sur la terrifiante bande-annonce de The Last Samouraï, le prochain Tom Cruise en kimono-ikebana, que la Warner refourguait en guise de cadeau Bonux pour ouvrir cette séance très fermée. Et arrivons-en à ces Revolutions que nous promet Matrix 3, dernier épisode de la trilogie entamée en 1999 par les Chicagoans Larry et Andy Wachowski.
Les deux précédents épisodes de Matrix sont parvenus à installer dans le paysage cinéphile et populaire mondial la masse monumentale d'un film-phénomène, sociétal et générationnel, philosophal et mystique, technovisionnaire et explosif à la fois dans sa matière et dans son esthétique. Il faut probablement remonter au 2001, Odyssée de l'espace de Stanley Kubrick, voire au Metropolis de Fritz Lang, pour rencontrer un objet comp