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Libération

Une Babel qui empile tous les genres.

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Le film des Wachowski est pétri de références culturelles, mythologiques, religieuses..
publié le 4 novembre 2003 à 1h41

Dans le livre collectif Matrix, machine philosophique, Elie During parle du film des Wachowski comme d'un objet saturé de références, mythologiques, religieuses, scientifiques, littéraires et bien sûr... cinématographiques. Brassant dans un maelström, entre confusion mentale et hyperlucidité, des morceaux de culture grecque, des bouts de Bible, des mantras, Philippe K. Dick, Jean Baudrillard et Gilles Deleuze, mais aussi le thriller, la science-fiction et le film de kung-fu, Matrix se présente comme une cacophonie babelienne. Que trouve-t-on dans l'appareillage de samples visuels qui font Matrix ?

D'abord, évidemment, le profilage des héros en armée des ombres, vêtues de longs manteaux de cuir et lunettés de noir. Ils renvoient à peu près à tout ce que le cinéma asiatique récent a pu emprunter à Melville, à la froideur métallique et racée du Delon du Samouraï ainsi qu'aux terreurs de delirium tremens d'Yves Montand dans le Cercle rouge. La nouvelle garde de Hongkong née au début des années 80, Tsui Hark (The Blade, Time and tide) en tête, suivi de John Woo (le Syndicat du crime, The Killer) ont élaboré les canons vestimentaires et la grâce chorégraphique de ces guerriers urbains entre ronin-techno et yakusa-Armani. Matrix 1 déploie dans le registre de la superproduction médusante les oripeaux franco-asiatiques. Moralité : dans la Matrice, comme à Hollywood, tout est dupliquable, digérable, remixable à la condition d'en exagérer tous les éléments.

En aparté, cet concrétion des