Apprendre à voir, c'est à quoi servent les musées autant qu'à conserver ce qui mérite d'être vu. Le musée d'Orsay est dédié à un siècle, le XIXe, qui a pris très au sérieux cette fonction pédagogique, édifiant pour cela maints palais publics voués aux beaux-arts et complémentaires des établissements de l'Instruction publique (qui partageaient d'ailleurs le même ministre). L'exposition consacrée aux «Origines de l'abstraction» s'inscrit dans une telle ambition, au croisement du plaisir esthétique et de l'éducation du regard. Et comment mieux le faire qu'en montrant les effets qu'ont eu les sciences alors naissantes, physique et physiologie mêlées, sur la pratique de certains artistes qui, peu à peu, en sont venus à inventer l'art abstrait ?
Dans le saucissonnage administratif de l'histoire de l'art, Orsay s'est vu confier une période courte (un gros siècle) mais trop riche en expériences artistiques diverses pour qu'elles ne fassent pas craquer les coutures d'un habit forcément arbitraire. Ainsi de l'abstraction, qui possède en principe un lieu idoine, à Beaubourg. Mais justement, si l'art moderne a trouvé l'abstraction dans son berceau à cet égard, l'avant-guerre de 14 a été un feu d'artifice international comme le montre l'exposition c'est aussi parce que l'industrieux XIXe s'était appliqué à en extraire les éléments premiers dans les cornues de ses laboratoires.
C'est un des mérites de cette exposition que d'inviter à dépasser l'opposition convenue entre positivisme (c'e