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Libération
Interview

«Une aventure de l'oeil»

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publié le 5 novembre 2003 à 1h42

Dans le temps record d'un an et demi, Serge Lemoine, le nouveau directeur du musée d'Orsay, et l'historien d'art et universitaire Pascal Rousseau, spécialiste des Delaunay, ont concocté la première exposition française consacrée à la naissance de l'art abstrait. Le coup avait déjà été tenté à Beaubourg, sans succès. Ils expliquent les options qu'ils ont choisies et tenues.

Pourquoi l'abstraction dans ce musée du XIXe siècle ?

Serge Lemoine : Parce que le musée a en charge, outre son patrimoine, la présentation d'expositions consacrées au XIXe siècle. Or, les grandes questions du XIXe siècle concernent tout autant l'histoire des styles, l'évolution des idées, que l'invention de nouveaux langages. C'est une nouvelle façon de voir la réalité qui a été traitée par les moyens de la peinture. Dans cette exposition, nous ne parlons jamais d'impressionnisme, ni des Nabis, ni du symbolisme ou du cubisme, mais elle reste chronologique. Il s'agit d'essayer de montrer comment transcrire et traduire le phénomène de la lumière et des couleurs, et de quelles façons les peintres ont cherché à trouver des équivalents à la représentation du son.

Quels changements apporte l'exposition ?

Pascal Rousseau : Le premier, c'est sa transversalité. Nous avons voulu conduire un dialogue entre art et science, non par les textes, mais par un imaginaire visuel. Les artistes, comme Robert Delaunay par exemple, ont moins lu les ouvrages à leur disposition qu'ils n'ont regardé les plan ches les accompagnant. Pou