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Libération
Interview

«Business et pouvoir sont frères siamois»

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publié le 6 novembre 2003 à 1h44

Moscou envoyée spéciale

Président du petit parti libéral Iabloko, Grigori Iavlinski, 41 ans, est sans doute l'homme politique russe le plus «occidental». Il avait, du temps d'Eltsine, critiqué la mainmise des «oligarques» sur les ressources privatisées. Mais son parti était aussi l'un des principaux bénéficiaires des subventions de Mikhaïl Khodorkovski, le patron de Ioukos, dont les contributions représentaient près de «la moitié» du budget du Iabloko, de l'aveu de Iavlinski. Dans le stress de la campagne électorale pour les législatives du 7 décembre, où son parti n'est crédité que de 6 % des suffrages, il a pris le temps d'exposer à Libération sa vision, toute en nuances, des événements.

En pleine affaire Ioukos, est-ce une bonne idée de recevoir Poutine à Rome et Paris ?

C'est toujours une bonne idée de voir Poutine si c'est pour avoir une discussion ouverte et claire avec lui. Mais il faut prendre garde à ne pas soutenir en Russie les forces qui le poussent à se détourner de l'Occident. Ce sont ces forces qui ont poussé à l'arrestation de Khodorkovski. Ce sont les mêmes qu'on entend, au ministère des Affaires étrangères ou au sein des services de sécurité, parler de notre «orientation eurasiatique»: ils cherchent à éloigner la Russie autant que possible de l'Europe. Ce sont eux la vraie menace.

N'êtes-vous pas déçu par la mollesse des réactions occidentales, et particulièrement françaises, à l'arrestation de Khodorkovski ?

Non, car l'Occident nous a déjà habitués à tant de Re