Mardi, à Rome, Lev Ponomarev, responsable du Mouvement russe pour les droits de l'homme, avait rendez-vous au ministère italien des Affaires étrangères pour évoquer «l'affaire Ioukos». A son arrivée, on lui annonce que son interlocuteur a dû partir d'urgence. Un peu plus tard, il est reçu par un sénateur du parti de Silvio Berlusconi, Forza Italia, qui s'esclaffe en l'entendant évoquer les dérives autoritaires du Kremlin: «Vous êtes ici, vous voyagez, et vous vous plaignez !» «On connaît les relations chaleureuses entre Berlusconi et Poutine, commente Ponomarev, qui était hier à Paris. La France, avec sa sensibilité sur la Tchétchénie, sera probablement plus réceptive...»
Aux côtés de l'avocat canadien Robert Amsterdam, Ponomarev participe à une tournée européenne de lobbying en faveur de l'oligarque Mikhail Khodorkovski, emprisonné depuis le 25 octobre à Moscou. Après Bruxelles, Rome et Paris, la petite délégation devait se rendre à Berlin, Londres et Vienne. «L'affaire Ioukos est politique, tranche Amsterdam. L'Ouest ne peut rester indifférent: une Russie stable et démocratique est capitale, et pas seulement pour les investisseurs.»
Alors qu'un sommet Union européenne-Russie se tient aujourd'hui à Rome, où Poutine est arrivé en visite d'Etat hier, il ne faut pourtant guère s'attendre à ce que les Européens, quasiment silencieux depuis le début de l'affaire, mettent le président russe en difficulté. Poutine est un partenaire trop apprécié pour qu'on l'indispose par des critiq