Montrer aux Français qu'ils leur ressemblent. Depuis le 21 avril 2002, les hommes politiques déclinent ce thème de la «proximité», envers de la coupure entre le peuple et les élites révélée comme jamais par le premier tour de la présidentielle. En apparence, cette démarche répond à un besoin exprimé par l'opinion. «L'individualisme crée du mimétisme. L'homme politique devient un copain. Nous valorisons tous ce discours de la proximité avec le "produit", estime Robert Rochefort, directeur général du Crédoc et auteur de la France déboussolée (Odile Jacob). La plupart des hommes politiques construisent leur stratégie de lisibilité sur cette base. Mais c'est un piège, car il s'agit, en réalité, d'une attente superficielle. Sans se l'avouer, les Français attendent des politiques qu'ils assument leur fonction, incarnent un cap, donnent une direction.»
«Volontarisme». Selon Anne Muxel, chercheuse au Cevipof, la progression de l'abstention ou des votes extrêmes s'explique justement par cette difficulté des Français à saisir les enjeux. «Ils ont besoin qu'on leur donne des repères, qu'on leur propose des projets. Ce n'est pas en les prenant par la voie la plus facile que les politiques les convaincront davantage, explique-t-elle. Que les politiques aient envie de mieux les comprendre, d'accord, mais comment croire qu'ils partageront vraiment les mêmes expériences?» Pour Stéphane Rozès, directeur de CSA-Opinion, le message du 21 avril, «c'est que les politiques doivent