S'il se défend de sombrer dans «l'exhibitionnisme», Laurent Fabius justifie son effeuillage par la nécessité de retrouver «le contact» avec «le peuple». Mais il admet que les «hommes politiques ne doivent pas être asservis» par la communication. Interview.
Qu'est-ce qui «commence par une balade», votre campagne présidentielle ?
C'est le titre de mon livre, pas celui d'une campagne. Comme beaucoup, le 21 avril 2002 m'a frappé au plexus. Je me suis dit qu'il fallait retourner à la source, c'est-à-dire notre peuple. A raison de deux ou trois fois par mois, je me suis rendu dans de nombreux départements pour écouter, écouter, écouter. La matière de mon livre, ce sont les Français. Leurs inquiétudes, leurs initiatives, leurs énergies. C'est une plongée subjective, «ma» sensation de la France. Je m'exprime, je me dévoile, mais sans exhibitionnisme. J'ai vu des Français déboussolés, parfois malheureux, mais je n'ai pas vu un pays en déclin. J'essaye de le décrire, sous la forme d'un journal qui mêle les petites choses aux grandes.
Des «petites choses» qui illustrent votre besoin d'être aimé des Français ?
Y compris en politique, on n'échappe pas facilement aux clichés. Dans mon cas, le cliché tient sans doute aux fonctions que j'ai exercées très tôt, peut être aussi à mon attitude passée. Je suis ramené à une sorte de portrait-robot, quelqu'un de très compétent mais d'assez distant. J'ai envie de me montrer tel que je suis vraiment : c'est peut-être ce